Roucoule Raoul!




Il y a quelques couples de corneilles (Corvus brachyrhynchos, Corneille d’Amérique, American crow) résidentes dans mes environs. Depuis bien longtemps! On peut les voir en groupe comptant jusqu'à huit ou dix individus. On ne les manque pas alors: elles font tant de bruits! 

Réunies elles babillent, corbinent, craillent, criaillent, croaillent, croassent et graillent. (j'ai copié ça sur Wikipedia...)

Il s'agit peut-être d'une famille étendue? Les corneilles sont-elles en troupes multi-générationneles: des sociétés? 



Mais là elles ne sont que deux. Et elles sont perchées (en toute illégalité) au sommet du clocher de l'église convertie en centre de kama-sutra, rue Saint-Denis. 

C'est le poste où l'épervier s'installe d'ordinaire pour choisir son pigeon du jour 



L'épervier (Accipiter cooperiiÉpervier de Cooper, Cooper's Hawk: je pense bien...) n'est pas sans ressources: quand sa place sur le clocher est prise il s'installe ici sur le peuplier. Il y est resté une bonne heure à regarder le paysage. Ou à faire un inventaire de la volaille! On consulte le menu. Quelle patience! Il reste à l'affût d'un pigeon maladroit ou un peu plus lent ou imprudent, etc. Il y a tant de pigeons, tant d'envols groupés pour se réchauffer ou se dégourdir. Il y aura autant de possibilités d'un accident quelconque par un novice, d'un accroc stylistique au vol tauroïdal groupé, d'habitude impeccable, qui fait la fierté de la troupe urbaine ailée.

Le Cooper me semble bien gros. Cela m'a fait douter de la bonne identification. N'en doutons pas alors: il aura un souper.  Les pigeons sont nombreux ici et je les vois souvent s'envoler effrayés toutes directions devant la chasse d'un oiseau de proie. Chacun évite le collimateur... Puis ils reviennent, toujours, sur le sommet de l'immeuble tout à côté de l'église. Ils n'apprennent donc rien les pigeons? Ils y ont un loup comme voisin! L'endroit doit bien compter quelque avantage. Faut croire. 



La vision de cet épervier est 20/20! M'a-t-il vraiment détecté de si loin alors que je suis debout sur la chaise dans ma cuisine et que je le photographie à travers la fenêtre? Ou peut-être est-ce un effet du hasard: je l'aurais par chance photographié à ce moment précis de son balayage visuel des environs.

En fait, je crois qu'il me connaît.

Mais je ne l'entendais pas glapir, grailler, pialer ni tirailler. (voir la source ci-haut...)



Voici une vue d'ensemble, prise depuis le balcon. Désolé pour la mauvaise qualité de l'image... Quand ce n'est pas mon zoom vraiment pas cher qui gâche le visuel, c'est un contre-jour brumal...
  • 1- le clocher de l'épervier (pas de cloche)
  • 2- le peuplier deltoïde (confirmé par mon inventaire du coin)
  • 3- la corniche à pigeon (en bleu-gris)
À l'arrière-plan nous voyons les Rocheuses.



J'ajoute cette photo montrant le stationnement de pigeons (Columba liviaPigeon biset, Rock dove). Le clocher est à l'extérieur de l'image, à gauche. Nous voyons à travers l'érable à Giguère de ma ruelle et l'érable argenté de l'autre ruelle.

Ils étaient une bonne vingtaine à caracouler, concouréger, jaboter, roucouler, frouer. (non, j'ai pas trouvé ça tout seul).




Gros plan sur le poulailler. J'aurais pu écrire le "garde-manger de l'épervier". Mais des âmes sensibles peuvent lire et voir toute l'horreur annoncée. Je serai alors rapporté au Bureau des Rapports.



Rapprochons-nous encore un peu. Voyez en plein centre: l'oeil de l'oiseau me regarde! Si, si. Peut-être ce pigeon me connaît-il? À moins qu'il ne soit dans la lune, noire, plongé dans une crise existentielle paralysante*. Il devine ce qui lui arrivera... 

Roucoule Raoul! Roucoule! 

Tu sais: Carpe diem, la brièveté de l'existence et tout ça...

Roucoule!


*J'ai observé quelques chose de semblable chez les écureuils: leur condition escuriuelienne semble les rattraper sans prévenir alors qu'ils vaquent à leur grignotage général. Ils s'immobilisent alors, plongés dans une noire contemplation du néant brutal de leur vie. C'est une observation des plus bouleversantes que je ne vous souhaite pas.



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