Tempus fugit

Photo: Jean-Paul Latour

Vue de Repentigny en 1962. La flèche indique la maison familiale. Traversant la photo à mi-hauteur: la rivière l'Assomption. Le Grand Fleuve n'a pas besoin de présentation. À droite convergent les rivières des Milles-Îles et des Prairies. C'est la rapide urbanisation de ce village qui est au moment de la photo une petite ville et qui ne conserve aujourd'hui plus aucune trace de ses terres agricoles et de ses forêts.

Pour votre divertissement j'ai rephotographié directement avec mon objectif macro des diapos de mon frère aîné et de moi... ce ne sont pas des vrais scans et la qualité est couci-couça... Et elles ne sont pas retouchées, ça fait plus authentiquement vintage je crois. Ce sont parmi mes premiers essais de photo de paysage alors ce n'est pas totalement impertinent de vous les présenter ici... 

Photo: Jean-Paul Latour

Et ça c'est moi en 1962 alors qu'on avait fait un effort (somme toute assez minimal) pour souligner ma Première Communion. À ce jour je ne comprends pas ce rituel. Mais j'ai encore de vagues souvenirs de la fête qui s'en est ensuivie. Le plus mémorable était la présence de mes deux grands-pères: Alfred et Generoso, assis de chaque côté de ma personne! Voilà qui marque l'événement! Ça c'est la table des adultes où j'étais accepté temporairement. Ma mère avait sorti la belle vaisselle. Hors-champ il y avait une autre table pour des personnages secondaires: mes huit soeurs et frères.


Sautons en avant dans le temps (qui fuit). Lever de soleil sur le fleuve Saint-Laurent. Nous sommes maintenant à Saint-Sulpice vers 1975, je suis majeur et vacciné et j'ai maintenant un vrai appareil photo (un Canon FTB). J'avais bien eu un appareil 127 (voyez la bête ici) mais je crois qu'il ne me reste que 2 photos prises avec...


Ici c'est dans mon heimat en général: Repentigny ou Saint-Sulpice, vers 1975. L'autre rive c'est Varennes et Verchères.


C'est encore dans mon heimat en général: quelque part entre Repentigny ou Saint-Sulpice, vers 1975. Je me souviens assez bien de cette longue marche. J'allais l'année suivante traverser les prairies canadiennes que je trouve magnifiques (à l'étonnement de tous apparemment). Le grand ciel à 360 degré de mon lieu d'origine trouvant dans l'Ouest un écho familier sans doute.


Marche en soirée dans la campagne de Saint-Sulpice, le fleuve est derrière nous.


Ici c'est à l'Épiphanie en 1975 à la limite d'un boisé. Une friche à côté d'un dépotoir.


Variation sur le thème.


En 1976 avec ma blonde de Saint-Sulpice (la première, j'en ai eu deux du même terroir...) nous sommes allés (sur le pouce) en Colombie Britannique dans la vallée de l'Okanagan à Naramata. J'y suis ensuite retourné à quelques reprises travailler tout l'été au plus beau métier du monde: cueilleur de fruits... J'ai passé quelques étés avec mon frère Marcel dans la cabin à gauche. Elle était fournie aux travailleurs qui faisaient toute la saison ce qui était évidemment très apprécié par le producteurs de fruits. Ce sont des pommiers à droite. Les plus récentes plantations se devinent avec la paille jaunie.



Ici ce sont des pêchers. Je n'arrive pas à bien rendre cette diapo... Au centre c'est le lac Okanagan. Cette vallée est au centre des Rocheuses et c'est un milieu étonnant: semi-désertique, c'est un paysage en continuité avec celui des états de Washington, Oregon et ça ressemble à la Californie: pins Ponderosa (Pinus ponderosa), crotale de l'Ouest (Crotalus oreganus oreganus) et cactus: oponce fragile (Opuntia fragilis)! 

On y cultive pommes, poires, pêches, cerisiers et même des abricotiers! Tout cela en de nombreuses variétés évidemment. Il y avait même à l'époque un peu de vignes: c'était le début de cette industrie ici. Enfin le re-début: il y avait une mission à Kelowna et des prêtres oblats français (les maudits) y avaient déjà planté de la vigne depuis les années 1850. Pour le vin de messe. Puis ce fût les sapristis d'italiens dans les années 1930... un peu après la prohibition...



Paysages, flore et faune. Tout est différent ici. Ci-haut c'est un chèvre sans corne: la chèvre mustang je crois. En fait, les oblats ont été les premiers européens ici: c'est peut-être le fil culturel (langue et religion) qui explique (en partie du moins) que bien des jeunes québécois venaient ici dans les années 70 et 80? Tous n'étaient pas vraiment bien accueillis et j'ai été témoin de scènes un peu déplaisantes... Mais comme notre équipe ne venait pas faire la fête, nous étions généralement bien reçus.



Me voici en calèche sans cheval. Comme vous voyez, je n'ai pas changé du tout depuis ma Première Communion. À me regarder dans le miroir je suis d'ailleurs totalement le même en 2020. 

Traversant le temps et les paysages, je ne travaillais qu'à rejoindre ainsi, sans vraiment m'en rendre compte, Alfred et Generoso. 


 Ars longa, vita brevis.


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