Projets et rejets

Mercredi je vous disais que j'avais encore un peu plus de matériel sur ce projet de livres (oui, au pluriel) sur la flore du mont Royal (2005-2006). Le projet consistait alors en la publication d'un album grand format et d'un guide d'identification de poche sur la flore et l'écologie du mont Royal. Ci-haut c'est la couverture et une page exemplaire du traitement intérieur de l'album.

La couverture reprend les détails de l'emblème de Montréal gravé sur l'abreuvoir pour chevaux sur le chemin Olmsted. Ci-bas vous avez la couverture et une page du guide de poche. Le texte qui suit est ce que j'avais rédigé pour vendre (sans succès) ma salade. 

"Au XIIIe siècle on appellait la botanique Scientia amabilis. On voulait signifier ainsi qu’elle avait une qualité essentielle pour initier les étudiants à une approche scientifique: la séduction qu’exercent les fleurs sur les humains.

La Montagne, le mont Royal, est une île sur une île. Et beaucoup de gens y accostent! Ils ne sont pas tous des explorateurs ou des naturalistes: les motivations des uns entrent souvent en conflit avec les intérêts des autres. L’attraction tire sa force de l’imaginaire fondamental des humains: un lieu surélévé et vert qui assure protection, calme, santé ou vue imprenable, hébergement illicite, etc..."

"La Montagne est donc un vert refuge: pour les humains et leurs aspirations complexes mais aussi pour les végétaux et leur apparente simplicité. On y trouve de la culture et de la nature et l’équilibre est incertain."

"Il est toutefois étonnant de constater la diversité végétale qu’on y trouve. Comme les Montréalais eux-mêmes, les origines de ces espèces sont multiples. Bien des espèces ont disparu et beaucoup sont arrivées!"

"La Montagne connait un usage intensif et les espèces végétales y connaissent d’importantes pressions. Une réflexion s’impose à ce sujet: quel avenir a la biodiversité sur la montagne?

Le projet que je propose est justement un questionnement lancé au plus large public possible:

  • Connaissez-vous la diversité végétale de ces lieux?
  • Que savez-vous de la vie de ces petites choses vertes?
  • Qui a peur de la sanguinaire?
  • Saviez-vous qu’on y trouve une orchidée immigrante?"

"Ma volonté est de séduire et de vulgariser. Partager le regard attentif d’un naturaliste curieux. Rendre le sujet attrayant et intéressant par une facture visuelle contemporaine et un texte vivant.

La Scientia amabilis prend le lecteur par la main et le fait participer à la découverte. Cela me semble un moyen efficace d’avoir plus de citoyens ayant un regard intéressé et informé, sensibilisés dit-on aujourd’hui.

La multiplicité des regards attentionnés est sans doute un appui nécessaire à la préservation des habitats et des végétaux."

"Un projet en trois volets:

1- un livre grand public alliant de belles photographies et des planches botaniques didactiques et des textes vivants sur l’histoire naturelle des plantes.
2- un guide de terrain petit format pour l’identification des espèces s’adressant aux amateurs de botanique et les curieux.
3- une exposition avec des photos grand format et lancement des livres."

"Citations tirées de La charte du mont Royal:

Afin que nous soyons tous, à titre individuel ou collectif, gardiens du patrimoine naturel

Connaître et faire connaître le mont Royal par les sciences et la culture

Protéger le mont Royal des actes ou de la négligence qui pourraient appauvrir les éléments naturels."

La maquette comptait aussi quelques autres illustrations (pas forcément des espèces présentes sur la montagne) à titre d'exemples du traitement graphique. Avec le recul il y avait un peu trop de couleur mais tout cela allait devenir matériel de présentation pour le Guide de la Flore Urbaine. Cette fois-ci était la bonne, le projet a été accepté et publié avec un bon succès.

Mon impatience à publier s'était apparemment concrétisée grâce à des planches d'impatientes... Une autre fois je vous montrerai le même genre de projet (en deux volets, grand album et guide d'identification) sur les arbres. Un rejet. Avec une formule pourtant éprouvée en ce qui concerne le guide! Les processus décisionnels des éditeurs sont insondables. 

Cela a fait de moi un auteur indépendant publiant en numérique. En musique, un "indie" c'est hot! Dans le domaine du livre, ça prend la marque d'un éditeur... être "indie", c'est louche!

À mon avis le numérique permet de bien combiner la narration et le grand visuel d'un bel album et l'information synthétisée d'une guide d'identification de terrain. Le numérique permet aussi de se passer des goûts, des contraintes et autres prérogatives (insondables...) d'un éditeur. Tout cela reposera dorénavant sur les seules épaules de l'auteur. C'est le poids d'une certaine liberté et de l'innovation... enfin je vais pas m'étendre plus longtemps là-dessus!

Dans quelques jours je publie un reportage de Marie-Hélène Champoux qui s'intéresse à tout et aux arbres (et qui n'a pas peur des livres numériques...).

Que votre samedi soit saturdayesque!


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