L'argent ne pousse pas dans les arbres


La semaine dernière sur Twitter j'avais vu passer quelques photos et un message sur cette nouvelle campagne (en fait apparemment une ré-édition, voyez ici) de promotion de l'arbre. On pose ces affichettes sur les arbres en donnant un peu d'informations et en quantifiant les différents services écosystémiques rendus. On en retrouve dans différents arrondissements (Plateau-Mont-Royal, Rosemont–La-Petite-Patrie, Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, etc.)

On veut en installer 300 ainsi sur les arbres matures et 1600 sur de nouveaux arbres. On vise une centaine par arrondissement.

Une photo montrait un vieux Ginkgo et il ne pouvait que s'agir de celui du Parc La Fontaine, alors j'étais aller voir de plus près et faire une photo (ci-haut).

La campagne est le fruit d'une collaboration entre la Ville de Montréal, la firme Eco2Urb, et la Fondation David Suzuki.

L'autre photo me donnait l'impression d'être au parc Laurier. Et c'était bien le cas.

Le problème avec « faire des économies avec les arbres » est que cela dépend de futures conditions technologiques en énergie. Voici des questions, un peu rhétoriques j'en conviens: qu’arrivera-t-il de la valeur de ces « économies » si les prix d’énergie chutaient? Les arbres perdraient ainsi de leur valeur? Ou qu’arrivera-t-il des arbres si la valeur foncière d’un projet était d’un ordre de grandeur plus grand que les services rendus par ces arbres? L’intérêt de cette valeur foncière réunissant après tout ce puissant couple majeur : promoteurs immobiliers et… collecteurs de taxes foncières…

Ne vaut-il pas mieux adjoindre les qualités culturelles ou historiques, voire écologiques, aux arbres et de mieux ainsi assoir et fixer leur valeur? Aurions-nous ainsi une assurance supplémentaire aidant la protection des arbres? 


Anyway...  revenons à cet arbre au parc Laurier.

Je voyais qu'il s'agissait d'un arbre de la famille de la rose mais ces feuilles de deux types ne m'étaient pas du tout familières... Comparez celles dans le haut de l'image, au contour simple et celles près de ma main, avec des lobes.

Il y a tellement de fruitiers dans les Rosacées que je n'étais pas du tout certain de l'identité. Je n'avais pas vraiment le temps de chercher à l'identifier et j'ai mis un message sur Facebook avec l'info suivante: calice caduque. En effet si le fruit à l'avant-plan a encore ses sépales, celui à l'arrière ne les a plus. Les variétés horticultures ne sont pas mon fort...

On m'a mis sur la piste d'un pommier (genre Malus) chinois (ici) mais je ne pouvais y consacrer trop de temps. C'était toutefois la bonne piste, j'ai reçu l'information qu'il s'agissait d'un cultivar de l'espèce chinoise Malus transitoria 'Schmidtcutleaf' (ou Golden Raindrops®). 

Pour votre information (si vous ne le saviez pas, bien sûr) il y a aussi des Malus de ce type en Amérique du Nord. Voyez ici.

Le lendemain, passant sur Saint-Laurent, je tombe sur un autre arbres avec cette affichette. Je ne suis pas certain que cet arbre ait 44 ans (1976...) puisque c'est écrit 24... (mal de tête soudain...)

Photo: Britain-magazine.com

Alors plus tôt ce matin je suis allé voir mon parc (ci-haut). J'avais l'intuition que certains arbres avaient été affublés de ces affichettes.


Oui, à coup sûr, ce peuplier carolin, le plus gros du parc La Fontaine, avait eu droit à cette marque promotionnelle. Dommage qu'on lui ai donné un drôle de nom. Dommage qu'on ne trouve pas facilement son vrai nom sur les inter-webs... Il me semble d'avoir lu quelques choses là-dessus, kekpart...

Peuplier Tower ça ne veut rien dire: il y a le Populus x canescens 'Tower', le Populus x canadensis 'Tower', et peut-être pouvons-nous ajouter le Populus deltoides 'Purple Tower', etc. Et aucun cultivar de ce nom existait il y a "151" ans...

Pour votre gouverne, il s'agit du Populus x canadensis 'Eugenei'. 

Bon tant qu'il y a du Latour (Tower...), ça va...

Mais que dire de l'âge qu'on lui donne! 151 ans? Où ont-ils donc pêché cette information? Kekchose comme 105 ans serait plus juste. Vous aurez tous ces détails dans mon livre Un Peuple de Peupliers.

Je chercherai peut-être une autre fois à voir comment on arrive à donner une valeur "esthétique" de 11190,285. 

Et, en passant, 11190,285 de quoi? Quand j'aurai le temps...


Marquer un seul arbre de ce qui est l'ensemble le plus remarquable d'arbres à Montréal est un peu court d'imagination. Si vous faites la promotion des arbres, je veux dire.

Oui, ils sont toujours là, les Carolins.

Increvables apparemment.

On les débite, petit à petit.

Ils reviennent.  C'est par dévouement!

Parce qu'ils veulent rendre service! Cette amitié n'est pas quantifiable.

Pendant ce temps on s'occupe à grands frais des frênes. Et c'est pour longtemps qu'on devra le faire...

Les peupliers Carolins du parc La Fontaine sont une oeuvre d'art! Prenons soin de ce patrimoine! Remplaçons ceux qui sont morts au travail!

L'argent ne pousse pas dans les arbres. Non, c'est de l'or qu'on y trouve!

La fin de semaine sera magnifique! Profites-en!


Commentaires

  1. Je pense que le concept de "services écologiques" est avant tout anthropocentrique puisqu'ils décrivent surtout les services que les écosystèmes nous rendent.

    L'emploi de tels procédés montre bien la pauvreté de la pensée scientifique en ce qui concerne le nature. D'autant plus que l'écologie est de plus en plus affublée de nouveaux concepts et de nouveaux préceptes qui ont peu de fondements.

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  2. Tu as raison ce concept est pauvre de bien des façons. Je me suis attardé sur les des considérations "paysagères" ce matin mais je crois avoir souvent mentionné les multiples services des arbres à la biodiversité. Merci!

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