Spiranthes casei: quantifier le furtif

 

En compagnie de Benoît Dorion (sous le chapeau ci-haut) nous sommes allés à la chasse aux Spiranthes au Nord de Lachute. Autour du premier septembre c'est la saison de Spiranthes casei* et nous avons eu la chance d'en trouver un nombre important: bien plus que j'en ai jamais vu!

L'homme est peut-être occupé à nous faire une monographie sur les orchidées du Québec? Il possède très bien le sujet et est bien largement documenté. De plus, il a essentiellement fait les photos de presque toutes les espèces. Ce qui n'est pas rien, croyez-moi! Je serais bien curieux de connaître le kilométrage total que cela représente! 

Un livre sur les orchidées? "...personne ne s'intéresse à cela..." me répond-il. Je lui ai dit que je connaissais au moins trois personnes, toutes avec des projets d'édition: lui, Sylvain Beauséjour (ici son livre) et moi... quoique moi c'est de la vieille histoire... je n'ai plus de projets dans ce domaine... mais un nouveau livre bien complet, à jour, serait une addition bienvenue!

Il y a bien trois ou quatre autres personnes qui seraient intéressés?

J'ai cultivé les différentes espèces du genre avec succès (elles se ressemaient toutes seules dans les pots...) pendant quelques années: la photo de gauche est un des spécimens de Spiranthes casei (in hortus, vers 2004) qui vivait dans ma cuisine sous les fluorescents. Elles dormaient l'hiver au frigo... La photo de droite a été prise in situ lors de notre sortie dominicale.

Nous avons aussi vu quelques Spiranthes cernua (qui fleurissent en chevauchant un peu plus tard) et des Spiranthes incurva. Cette dernière est une assez récente ségrégation de S. cernua

Ajout 3 septembre: une note de Benoît indique que S. cernua est retiré de la liste des orchidées au Québec. Voyez ici Vascan. Je suis assez rouillé dans mes études! Je ne peux commenter au-delà, n'ayant jamais eu le temps de bien lire le texte mentionné ci-bas. Voici le message tel que publié sur Facebook: 

"Suite à la parution d'un article de Matthew C. Pace en 2017, S. cernua (Spiranthe penchée) est un complexe qui a été remplacé au Québec par S. incurva et S. arcisepala et fut adopté par Vascan. Le S. cernua n’est plus présent au Québec..."


Carex baileyi

Les Spiranthes vivent assez ordinairement dans les pits de sable (on dit sablière chez les gens respectables). Ce sont des milieux ouverts, ensoleillés et... temporaires! Brève explication: si par exemple, pendant quelques années, une partie du pit de sable connaît moins de travaux, les mousses arrivent et s'installent, suivies de quelques espèces colonisatrices: dont quelques années plus tard nos orchidées. C'est alors souvent une importante colonie de Spiranthes. Pour quelques années seulement! La succession végétative fait bientôt arriver bien des plantes (graminées, astéracées et autres gazons ordinaires dont ce Carex baileyi...) puis des arbres,  ce qui devient vite trop de compétition pour les orchidées.

Estimer les populations de ces plantes est alors assez aléatoire: elles sont en mouvement constant pour ainsi dire: à la recherche d'un autre lieu à coloniser. Revenez dans deux-trois ans et il n'y a plus aucune orchidées! Les graines microscopiques voyagent assez loin par le vent: cherchez alors d'autres pits de sable dans les environs.

Sur le sable nu il y avait aussi cette plante: Herniaria glabra, une Caryophyllacée exotique.

Herniaria glabra est une plante que j'ai déjà aperçu, je sais pas où? Sur une voie ferrée en ville? 

Merci à Benoît pour l'identification de ce couvre-sol. Et surtout, pour l'invitation à la chasse aux orchidées: le meilleur sport dominical!


*J'ai déjà publié un texte sur Spiranthes casei et S. cernua dans la revue Quatre-Temps (automne 2004). Sans doute parce que je ne suis qu'un amateur ils ne m'ont jamais payé, les comiques! Sympatique, non? Écrivez-moi si vous voulez une copie...

Je termine avec ces photos de mes installations pour les orchidées (indigènes et tropicales) en 2003-04:




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