Empressement prétentieux au parc La Fontaine


Inhabituel d'avoir si tard dans l'année un été des Indiens. C'est comme une canicule d'automne. Il ne nous viendrait pas l'idée de s'en plaindre. Par ce beau temps, plus tôt cette semaine, je suis allé voir ce qu'il en était du dernier souffle, du dernier tir du soleil. Novembre, mouilleux et froid, revient et nous rejoint maintenant...

Une petite marche au parc La Fontaine s'impose. On refait le Théâtre de Verdure (et les environs...) fermé depuis... six ans! De Grands Travaux ont été lancés et une grande section du parc est exclose. Ça machine et ça bouledoze, ça fait du Grand Beau... on verra tout ça... en 2022. Si tout va bien...

On y mettra 15,5 millions $... (déjà 29 % de plus cher que prévu l’administration municipale d'après La Presse). Et c'est pas fini... De plus, bien que je ne vois pas le rapport, ce projet datant de bien avant la pandémie, on nous sert même du COVID-OBLIGE:  « On le sait, en situation de COVID, nous avons besoin de nouveaux lieux de diffusion qui permettront aux artistes de présenter leurs œuvres en toute sécurité. »  

La Ville a déterminé qu'il n'y aurait pas de vaccin apparemment.

Combien d'arbres auront été coupés, beaucoup (et des rares...) parfaitement sains, combien ensuite tomberont (malgré des précautions) ici pour ces travaux excessifs? Si la scène du Théâtre de Verdure avait besoin d'une mise aux normes, les gradins en acier galvanisé étaient encore parfaitement normaux... mais on casse tout!

En 2013, l’ancienne administration municipale avait essuyé deux refus de la part du Conseil du patrimoine. Les plans soumis ne respectaient pas le paysage et l’histoire du parc La Fontaine. Maintenant l’arrondissement promet une plus grande diversification des végétaux et une meilleure intégration paysagère. C'est un projet  «patrimonial et architectural d’exception».

Je ne comprend pas en quoi ce projet respecte le paysage et l'histoire tout en rasant arbres et structures... Devant les Grands Projets de Beautyfication, le patrimoine arboricole ne fait pas grand poids au parc La Fontaine.

Des mauvaises langues disent qu'on nous bourre. On nous emplirait les oreilles avec toutes ces conversations sur le patrimoine. Maintenant nous avons le patrimoine des enseignes commerciales lumineuses (ou pas). D'accord, ne boudez pas votre plaisir du jour: allez-y avec une protection d'un peu de kitsch, de retro et de vintage. Nous avons tous tant de bons souvenirs du Café Cléopâtre. Par ailleurs, les "billboards" sont, eux, anathèmes. C'est selon, apparemment.

Dites-moi, en quoi cette nostalgie serait plus recevable que la protection des grands arbres et la conservation des aménagements et paysages historiques ici? Je ne comprends pas. 

Malgré les changements climatiques et tout, et tout, l'irruption de nouveaux paradigmes vous savez, on n'en sort pas: la norme culturelle moderne colle toujours (le postmoderne c'est le moderne, disait l'autre...). Il faut tout casser et de tout refaire à tous les 30 ou 40 ans. Chacun y allant de sa nouvelle idée de "beauty"

On ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs qu'on m'a dit. Je veux bien mais était-ce nécessaire de tuer la poule et d'incendier le poulailler?

Pourquoi les gens, si nombreux, viennent-ils ici? Quelle beauté viennent-t-ils donc apprécier? 

Les arbres?

C'est que, faire et refaire, à toutes les quelques décennies, toutes les générations en fait, et au goût du jour à chaque fois, est difficilement compatible avec la lente croissance des arbres. Ou l'idée de faire de grands parcs remarquables...

Au parc La Fontaine (et dans les autres parcs) ce sont d'abord les arbres matures qui sont l'attractif. Pas votre idée design du jour... 

Les beaux grands parcs d'Europe sont votre référence? Dites-moi, sont-ils le produit de l'empressement prétentieux ou de la patiente et humble continuité? 


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