Au cimetière Lakeview à Pointe-Claire

 

Le tout début de la floraison de l'orme d'Amérique.

À l'indication précieuse de Charles L'heureux, je suis allé (en bonne compagnie) visiter le Cimetière Lakeview à Pointe-Claire: Charles y avait trouvé des peupliers carolins. Je me devais donc d'aller voir tout cela. 

L'endroit réunit en fait trois cimetières différents comptant de nombreuses section:

« Ce grand ensemble partagé avec l’arrondissement de Beaconsfield–Baie-D’Urfé contient trois cimetières distincts: le Lakeview Memorial (créé en 1914), l’Eternal Gardens Cemetery et le Champ d’honneur national du Fonds du Souvenir (inauguré en 1930). Les deux premiers accueillent les sépultures de diverses confessions religieuses (juives et chrétiennes). Le troisième est dédié aux militaires canadiens et à ceux des forces alliées ayant participé à toutes les guerres qui ont engagé le pays. En plus de présenter un intérêt socio-historique certain, l’ensemble est remarquable en raison de sa planification soignée, qui met en valeur les qualités paysagères exceptionnelles du site en respectant ses attributs naturels et géographiques particuliers (topographie, ruisseaux et coulées, végétation sauvage, etc.).

Info tirées de "Évaluation du patrimoine urbain de l'arrondissement de Pointe-Claire" par le Service de la mise en valeur du territoire et du patrimoine, 2005.


Pour vous situer un peu si vous n'êtes pas familier avec Pointe-Claire. L'ellipse rouge montre l'emplacement de l'ensemble funéraire.


C'était  ma première visite dans cette ville de l'autre côté de l'île de Montréal. La ville est horriblement sectionnée par des voies ferrées et l'autoroute 20! Pour aller d'un quartier à l'autre il faut passer par des tunnels comme celui ci-haut!


À partir du tunnel on voit presque le ciel par ce puit de lumière.


En sortant du tunnel, après avoir emprunté un sentier longeant le terrain de golf, nous croisons un premier peuplier deltoïde.


Puis, marchand vers l'Ouest sur l'avenue Donegani, nous apercevons les premiers peupliers de Caroline. Notez que deux se trouvent sur l'avenue (à gauche) comme des marqueurs de l'entrée du cimetière Lakeview. De ce dernier nous voyons les premiers spécimens d'une grande allée de carolins (à droite).


Nous voilà dans l'axe de l'allée monumentale du cimetière qui pénètre loin dans le paysage, remontant la pente tout au fond et encore plus loin! Une allée monumentale de carolins. Tiens-tiens... ça vous dit quelque chose?

Je croyais avoir terminé ma recherche paysagère pour mon livre Un peuple de peupliers... mais je devrai ajouter quelques notes et révisions avec cette visite supplémentaire!!!


Ces arbres ont cent ans selon le comptage des cernes annuels qu'a fait Monsignor L'Heureux. 


Il n'y a pas que des peupliers. Jetons tout de même un coup d'oeil sur la composition arboricole, la flore et les monuments du cimetière. 

À juger par la floraison de la canopée de cet arbre il s'agit d'un érable argenté avec tout de même un fond d'écorce rougeâtre plutôt étonnant et confondant!


Une assez importante section du cimetière est plantée de gros érables argentés (Acer saccharinum) centenaires. Avec les peupliers ce sont des arbres d'origine des lieux donc.


Des scilles de Sibérie (Scilla siberica) dont la propagation est assistée par les vaillants écureuils, jardiniers accidentels et impénitents...


Ce "Bourdon" est accompagnée d'un bel if commun (Taxus baccata), arbre à forte connotation mortuaire et (localement à Montréal du moins) britannique. Cimetière surtout "anglais" les tombes ici portent toutefois une grande variété patronymiques: anglais, écossais, irlandais, français, etc. Sans même parler des noms à consonances italiennes ou d'Europe de l'est, etc. De plus on trouve une section  musulmane et on compte même une section dite "maçonnique". 

Nous n'avons pas eu le temps de visiter l'autre section, le Eternal Gardens Cemetery, cimetière juif établit au début des années 1950 et réunissant de nombreuses congrégations de cette confession. En fait ce dernier est à Beaconsfield, la limite des deux villes partageant exactement les cimetières. 


Des touffes de "cèdres" (thuya, Thuja occidentalis) ici et là, en complément des ifs et autres conifères du paysage funèbre.


Le petit John l'a eu brève...


Quelques pins sylvestres (Pinus sylvestris, aussi nommé Scots pine, Scotch pine, etc.). À l'arrière-plan: des restes de l'allée de carolins centenaires.


Un carolin aux jours comptés... occurence commune en de nombreux endroits visités pour ma recherche ces dernières années. J'arrive pour les visiter alors qu'ils en sont au derniers jours! Dans la région de Montréal, ces arbres ont souvent été plantés dans une fenêtre d'environ 10 ans et ils arrivent tous à maturité (enfin... en fin de vie...) maintenant... mais... pourquoi ne les remplace-t-on pas?

Je n'y connaîs rien mais à part certaines branches tertiaires mortes tout au sommet, cet arbre a bien l'air sain. Pourquoi le marquer pour la coupe? Est-ce la présence de ces branches adventives (pousses épicormiques, les branches sur le tronc tout juste au-dessus des "X" rouges)? Elles sont souvent souvent signe de mauvaise santé chez les autres arbres. Celles-ci sont toutefois assez fréquentes chez les carolins, mais ne semblent pas révéler un dépérissement imminent.

Peut-être que des soins d'émondage assureraient encore quelques décennies de vie au grand arbre?



Je l'ai déjà dit: la présence de rejets de souche (ou de racines...) sont toujours un bon moyen d'identifier les carolins. On le distingue alors très bien du peuplier deltoïde qui n'en produit pas (sauf très rarement). Ces repousses peuvent atteindre 150 cm en une seule saison! Notons que chacune de ces boutures (on dit: des plançons) peut être prélevée au sécateur puis plantée pour produire un autre arbre. 



Au bout de la grande allée de peupliers se trouve l'entrée du cimetière militaire Champ d’honneur national du Fonds du Souvenir, inauguré en 1930. Nous n'avons que le temps d'une courte visite de cette section.


Ce que l'on ne voit pas ici, ce sont la quinzaine de frênes de 30-40 ans abattus. Je rappelle que cet arbre était annoncé partout comme un arbre miracle qui allait régler tous les problèmes arboricoles de l'époque...

Ici même où les peupliers vivent depuis 1920!!!


En terminant voici la floraison si magnifique de l'érable rouge. Il s'agit ici de fleurs pistillées, c'est-à-dire femelles de cet arbre dans le cimetière militaire.

Je vous reviendrai avec un autre reportage sur le reste dans la journée: nous avons retraversé le tunnel et sommes allés dans le très beau et intéressant site de la vieille Pointe Claire.

Bon samedi!

Commentaires