Notes arboricoles: ormes et staphylier

 

Hier j'ai photographié cet orme d'Amérique avec cette forme en parasol assez singulière. Voyez un peu la "fosse" dans laquelle il pousse! Coincé entre le béton du trottoir et le mini dégagement au pied de l'immeuble il a une croissance des plus lentes.

Le voici en 2012...

...et en 2013...

...alors qu'avec ses samares, son identité ne peut faire aucun doute.

Pas loin de chez moi, marchant sur la rue Napoléon, j'ai croisé cet orme récemment planté.

S'il n'y avait eu l'étiquette sur la branche du nouveau-venu j'aurais peiné à l'identifier! Il s'agit de Ulmus americana 'Jefferson', un cultivar cloné de l'orme d'Amérique avec une bonne résistance à la graphiose, la maladie de l'orme. C'est la première fois que je croise cet arbre que je connaissais de littérature pour ainsi dire. 

Cette arbre est un hybride entre un parent diploïde et un parent tétraploïde. 'Jefferson' est un triploïde. La dimension extraordinaire qu'atteignent nos ormes d'Amérique est expliquée par leur tétraploïdie: c'est un doublement des chromosomes provoquant une croissance phénoménale. Quant à la triploïdie, toutes sortes d'effets peuvent se révéler: la stérilité par exemple. C'est le cas de cet arbre. 

Et il n'atteint que la moitié de la taille de l'espèce naturelle (le tétraploïde que l'on trouve partout). En ville, sur les trottoirs, cette dimension restreinte peut évidemment être bien utile.

En l'absence de la bien commode étiquette, certains caractères permettent toutefois d'approcher son identification. On verra avec le temps si ça tient la route: les feuilles de ce clone sont lisses et cireuses, plus petites que celle de l'espèce naturelle. Elles semblent aussi avoir un forte asymmétrie. Les rameaux (avec de rares poils) sont nettement plus fins et les bourgeons sont minuscules. L'arbre est probablement plus fragile à nos hiver: de nombreux bourgeons terminaux avaient gelé et ce sont les précédents bourgeons sur les rameaux qui ont produit le feuillage. 

Nous verrons dans quelques années comment se comporte cet arbre (en deux exemplaires).

C'est bien intéressant d'importer comme ça des clones rares et de faire des essais mais je continue à croire qu'on a une alternative originale disponible ici même à Montréal: l'orme lisse (Ulmus laevis). La présence de quelques dizaines d'arbres centenaires dans nos parcs montréalais devraient commencer, il me semble, à piquer la curiosité de nos experts. 

L'arbre résiste très bien à la graphiose et à nos hivers (depuis plus de cent ans...) et se naturalise comme l'on voit sur la photo ci-haut. Il a lui aussi de belles formes et une dimension réduite. 

Et, pour bonne mesure, je donne tous ces détails ptéléologiques dans mon livre Stabat Arbor 1.

J'ai eu l'occasion de discuter de cet arbuste pas toujours bien connu et de suggérer son usage dans les espaces limités, à mi-ombre, sur les trottoirs par exemple. Pourquoi pas dans de grands bacs permanents comme sur la rue Duluth? Ou en faire des bosquets dans nos parcs: on utilise déjà des petites espèces d'amélanchiers dans cette pratique.


Les deux photos ci-haut sont des spécimens au Champ des Possibles. Cinq, de deux sources différentes (diversité génétique vous savez...), avaient été planté en 2014. Il n'en reste que deux apparemment. Mais c'est déjà pas mal, on ne voit pas souvent ce petit arbre!

Le Staphylier à trois folioles (Staphylea trifolia) ne présente pas un grand défi à sa culture: je l'ai fait dans mon appartement... il est maintenant au Champ des Possibles. 


On aura une fin de semaine de pluie et de nuage. Mais on a en masse à s'occuper dans la maison, non?

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