Regards croisés au Champ des Possibles
Comme annoncé plus tôt (ici), voici ce qu’ont produit des artistes invités à faire un peu d’art au CDP.
En guise d'entrée en matière: ce clip de Renard Frak, artiste protéiforme, militant de mérite, qui produit inlassablement des vidéos faisant connaître tous les boisés déconsidérés ou négligés à Montréal.
Louise Lebrun est venue faire des photos et les partage avec ses notes et observations de naturalistes:
J'ai mis en paire les photos de Louise. Voici ses commentaires, en regard de chacune.
"J’aime quand on m’appelle ainsi entre les arbres et les herbacées. Ma première visite fut pleine de surprises. À la deuxième visite, j’ai revu des images de mon enfance et je suis tombée en amour avec cet endroit où tout est possible."
"Mon regard s’est soudainement arrêté sur cette intéressante roche de chemin. Il y a plus de 12 000 ans se retirait la mer de Champlain nous laissant découvrir ses habitants d’antan. J’ai toujours été fascinée par ces empreintes, elles me font rêver..."
"De manière surprenante, on ne rencontre pas d’herbe à puce au CDP ni de spongieuses qui défolient de manière épidémique les arbres feuillus cet été. J’ai rencontré ce jeune chêne à gros fruits (Quercus macrocarpa*) dont le feuillage, tout simplement impeccable, surprend et commande l’admiration."
"Au premier coup d’oeil peut-être ne verrez-vous pas immédiatement d’où provient ce suave effluve du tilleul en fleurs (Tilia sp.). Les grappes de fleurs se cachent derrière les feuilles, à moins que le vent ne les soulève. Allez sous l’arbre et vous serez conquis et le parfum vous enivrera. Regardez-le de loin et vous verrez sa forme pyramidale naturelle. C’est mon feuillu préféré."
*NDLR: il s'agit en fait du Quercus robur, le chêne pédonculé, une espèce eurasienne. Deux ont été plantés par des ignares ici: la règle 'planter des indigènes seulement" est en effet très complexe...
"Magnifique herbacée, de bleu, de rose et de violet. C’est la vipérine commune (Echium vulgare). Son nom fait référence à son fruit en forme de tête de vipère, delà la croyance qu’elle pouvait guérir les morsures de serpents ! Une plante toute poilue mais quelle beauté."
"Voici une hespérie des graminées (Thymelicus linola). Elles sont nombreuses et se plaisent sur tout ce qui a des pétales, ici sur de la verveine officinale (Verbena officinalis) ! La référence aux graminées se rapporte plutôt à leurs petites larves qui s’y cachent."
Charles L'Heureux ne manque jamais de papier et de crayons. Bien installé à la table à pique-nique il a dessiné les peupliers carolins emblématiques du coin. Quel oeil assuré!
Anne Goldenberg nous a fait ces dessins annotés (les notes sont en italique):
"J'ai rencontré mes premiers staphyliers sur les pentes du Mont Royal: ils m'ont été présentés par Charles L'Heureux.
Ce jeune staphylier a été planté (par Roger Latour) dans le champs des possibles, pour contribuer à la régénération de cette friche industrielle, avec le plus de plantes indigènes possible. Notez les 3 feuilles délicates de l'arbuste (qui peut quand même atteindre 6 a 10 mètres de haut) mais surtout, les petites clochettes, quelque peu féériques, qui lui sont si caractéristiques."
"Le mot staphylier vient du grec staphulé, qui veut dire grappe (pour ses inflorescences). Certains présentent ses fruits trilobés comme des vésicules, des vessies, des capsules.... Moi j'y vois des clochettes, des lanternes, peut-être des cocons, avec des cornes de chenilles, parcourus de veines vertes."
Les plantes utilisées pour ces impressions-contacts ont évidemment été cueillies au champ alors que nous étions tous là. Ensuite elle dût attendre une journée de plein soleil pour faire le travail.
Voici les photos des entités chlorophylliennes et phototropiques choisies par Loren: à gauche le silène enflé (Silene vulgaris) et à droite la potentille de Norvège (Potentilla norvegica). Photos: Loren.
Voici les peupliers carolins. Charles nous montrait la base de ces arbres. Je vous montre la cime. Ou presque. Et je me suis inspiré de Loren en simulant un espèce de cyanotype (façon Photoshop...).
Et voici un photo-chocolat (Photoshop) qui me rappelle le bon vieux temps où faisais de la chambre noire, en argentique, en platinotype ou ce procédé toxique et disparu: le Cibachrome. Je faisais aussi des virages au sélénium ou au Viradon (potassium et sulfite), un autre produit aujourd'hui obsolète. Mais qui faisait chocolat...
Ce que j'en ai pris de toutes ces effluves!
Mais par cette belle journée au Champ des Possibles, c'était autre chose: que du bon air dans ce lieu de nature aux paysages si différents. Six personnes se sont spontanément réunies et vous offrent des aperçus personnels des lieux.
Des travaux arrivent ici: que restera-t-il des idées d'origines? Ces oeuvres d'art en tout cas!
Bonne fin de semaine!
Magnifique ! Après avoir identifié les plantes, vous oubliez d'identifier les personnes sur la photo. De gauche à droite : ...
RépondreEffacerMerci de l'invitation ! Très intéressant tout ça ! Très inspirant !
RépondreEffacerComme indiqué, c'est la suite de ce billet: https://floraurbana2.blogspot.com/2021/06/impromptu-au-cdp.html
RépondreEffacerMerci Roger , belle initiative !
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