Connaître l'orme liège



Ulmus thomasii, l’orme liège, rock elm

C’est le plus petit de nos ormes indigènes, dans notre région il atteint environ 25m. avec un diamètre du tronc de 75cm et vit 175 ans. Au sud il atteint toutefois 30m et peut vivre jusqu’à 300 ans. C’est un arbre à croissance lente. Sa silhouette est distinctive avec un port souvent colonnaire et un tronc droit et distinct. L’arbre porte des branches désordonnées courtes, gardant sur le tronc celles du bas qui sont réclinées. 

Les branches plus âgées sont noirâtres et portent de 3 à 5 crêtes subéreuses (du liège) irrégulières. Il est à noter que certains individus ne produisent pas ce liège sur les branches. Il ne faut alors pas confondre avec l’orme d’Amérique qui produit à l’occasion de minces plaques noirâtres liégeuses.



Le centre de sa répartition naturelle est au sud des Grands-Lacs et il se trouve à sa limite nord-est dans notre région. Au Canada, il est beaucoup plus commun dans le sud de l’Ontario qu’au Québec. Outre les environs de Montréal, on le trouve entre autres dans Lanaudière, l’Outaouais et en Montérégie. Il affectionne les affleurements calcaires et les sols rocailleux et secs. On le trouve souvent en compagnie de l’orme d’Amérique au bord des chemins ou dans les terres en friche.

L’arbre est rare, se regénère lentement et voit son habitat disparaître alors qu’il est confronté par la graphiose. On comprend que cette espèce soit légalement désignée menacée au Québec: la population totale au Québec est estimée à 2,500 individus! L’arbre se mérite des statuts comparables tant dans l’Illinois, New York et l’Ohio ainsi que dans quelques autres états.



L’inflorescence pleinement développée est un racème allongé et pendant. Un de ses synonymes est justement Ulmus racemosaUlmus thomasii est auto-fertile et j’ai ainsi observé qu’un individu isolé de ses congénaires par plusieurs kilomètres produisait au moins quelques samares. L’espèce serait compatible avec U. pumila.



Les samares distinctives sont grandes, 10-15 cm de long, gonflées, pubescentes tant sur la surface que sur le bord. L’enveloppe est de la même dimension et peu distincte de la graine, l’échancrure des stigmates est petite, peu profonde. Ces samares ne voyagent pas bien loin (environ 40m, la moitié de celle de l’orme d’Amérique) et sont probablement plus barochoriques (tombant au pied de l’arbre) qu’anémochoriques. Les oiseaux percent adroitement l’enveloppe de la samare et consomment avec avidité les graines au goût de noisette. Des petits mammifères sont peut-être responsables de la dissémination des graines (zoochorie) sur une plus grande distance.



Les feuilles vert foncé de 5 à 10 cm et luisantes sont habituellement glabres, quelquefois rudes au toucher (scabres). Au revers, les feuilles sont pubescentes, surtout sur les nervures latérales. Ces dernières sont encore plus rarement divisées que celles de l’orme d’Amérique et, contrairement à l’orme rouge, ne porte pas de domaties à la fourche. À l’automne les feuilles jaunissent à la marge en gardant longtemps leur centre vert.

L’espèce n’est pas toujours facile à distinguer de l’orme d’Amérique et le meilleur moment pour le faire est lorsque les samares sont présentes: il n’y a plus alors aucun doute.


Références

Sabourin, A. et N. Dignard. La situation de l’orme liège (Ulmus thomasii Sargent) au Québec. Herbier du Québec, Direction de la recherche forestière, ministère des Ressources naturelles et de la Faune, rapport préparé pour le Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec, Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs. 2006.

Burns, R. M., Honkala, B.H..Silvics of North America: Volume 2. Hardwoods. United States Department of Agriculture (USDA), Forest Service, Agriculture Handbook 654. 1990

TR Crow Social Indicators 1990

Brian Pruka Ulmus thomasii: The Hard Elm That’s Hard to Find. Arnold Arboretum, 2016

Sargent, C.S. Manual of the Trees of North America, 1922



Le Champ des Possibles est un habitat de la biodiversité, un lieu d'essai et d'innovation en écologie urbaine. Je croyais que l'espèce pousserait bien ici et que les gens pourraient découvrir cet arbre peu commun. Un lointain espoir était son éventuelle propagation! L'arbre a très bien poussé pendant six ans... 

À votre avis, il faut le replanter? En deux exemplaires, n'est-ce pas?

Selon le Ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, l'orme liège est
une espèce menacée dont la disparition est appréhendée. Voyez ici.

Téléchargez une fiche produite par le Ministère en format  PDF.


Je termine avec ces deux dernières photos de l'arbre abattu que j'ai prises ce printemps alors que les bourgeons commençaient de s'ouvrir. Oui il débourre tardivement!

Les dernières informations reçues indiquent que ce serait le chemin de fer Canadien Pacifique qui a procédé à cette coupe qui semble illégale. Illégitime entécas...

Attendons plus de détails et confirmations.


Les illustrations et les planches botaniques ci-haut sont tirées de mon livre Stabat Arbor vol 1. Si vous voulez bien connaître les ormes que l'on trouve au Sud du Québec (dont certains oubliés) je vous le recommande impartialement...

Commentaires

  1. est-ce le racket de la décontamination? Ça fait des années que l'arrondissement en parle.

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