Le peuplier du parc Léon-Provencher

 

Le peuplier l'an dernier. Photo Google.

Je ne connaissais pas ce grand arbre. De ce parc, je ne connaissais que le nom, je n'y suis jamais allé. Pour vous le situer: il  est encastré dans le quadrilatère du Jardin Botanique sur le boulevard Pie Neuf.


Dans nos médias, quand on parle d’un grand arbre abattu il s’agit invariablement d’un de ces grands peupliers. Ce sont nos géants voisins, attachants et si familiers. Tous nos quartiers en abritent quelques-uns. C’est aussi le cas bien souvent dans nos parcs. À propos de l'arbre dont je vous parle aujourd'hui, voyez cet article de Anouk Lebel (ici). 


J'ajoute pour ma part quelques informations arboricoles et historiques.



Le peuplier et un détail de la photo montrant les gourmands. Facebook du groupe Parc Leon Provancher.



Dans l'article on dit celui-ci « peuplier deltoïde » mais rien n’est moins certain. Une photo de 2020 montre un arbre avec des « gourmands » (des croissances épicormiques) sur le tronc. Ce phénomène est extraordinairement rare chez le peuplier deltoïde mais des plus ordinaires chez le peuplier carolin… Peut-être pourrai-je m’y rendre pour mieux constater et préciser l'identité de l'arbre?


Maintenant, en ce qui concerne l'âge de l'arbre en question:



Photo VDM, 1948. 


« Il trônait dans le parc au moins depuis 1958, selon des photos d’archives, indique par courriel l’arrondissement. » ajoute l’article.


La taille de l’individu qu’on a « émondé » me semble bien importante pour une arbre de cet âge minimal (soit environ 64 ans). Un examen plus attentif des photos aériennes permet d’arriver à une meilleure estimation et d’ajouter certainement une dizaine, voire une vingtaine d’années à l’âge de l’arbre.




Photo VDM, 1958. 

On voit bien qu’il y a un arbre derrière le chalet (le point rouge "a") sur la photo de 1948 et celle de 1958. Le trait vertical ("b") sur ces deux photos indique le sommet des gradins du terrain de jeu.


Photo VDM, 1962. 

Puis un arbre est visible sur le devant du chalet. On devine tout juste son ombre. Les arbres ne sont pas connus pour se déplacer spontanément! 

Comment expliquer cela? Quelque part entre 1958 et 1962 on a en fait déplacé le « chalet ». C’était probablement pour agrandir le terrain de jeu. Et voilà comment l’arbre se trouve maintenant devant le chalet… La flèche indique le déplacement des gradins pour l'agrandissement du terrain.

Lors de ces travaux, de façon assez peu typique pour l’époque, on a bien pris soin de ce peuplier! Comparons au chalet (construit dans les années 30) du parc La Fontaine qui a, sans grande réflexion sensible, causé un abattage important, grossier et évitable de plusieurs grands carolins. Autre temps, autre moeurs…


Le terrain de machin est devenu terrain double de truc. Photo Google, 2002.

On entend toujours la fameuse rengaine « ces arbres [les peupliers deltoïdes] ne vivent que 75 ans. » Il n’est pourtant pas si rare de trouver des peupliers deltoïdes centenaires. Notons toutefois qu’il y en a probablement plus du côté des peupliers carolins. Les premiers sont rarement plantés alors que les seconds ont connus des vagues de popularité pour le paysagement. Notre arbre, centré sur le chalet, avait été planté. Une indication de plus qu’il s’agit d’un peuplier carolin plutôt qu'un deltoïde, un deltoïde spontané en tout cas!




Photo Google, 2002.

Vu sa taille, déduite par l'importance de sa canopée, le peuplier du parc Léon-Provencher avait au moins 10 ans sur la photo de 1948. Peut-on dire qu’il a été planté vers 1938? Ce qui donnerait un âge minimal de 82 ans.


Je n’ai pas vu cet arbre en personne, je ne puis aucunement juger (je ne suis pas phytopathologiste…) de son état de santé qui aurait justifié son abattage. La croissance de gourmands sur le tronc est souvent signe que quelque chose ne va pas. Mais pas toujours. Au-delà il faut peut-être faire confiance aux arboriculteurs et autres spécialistes. Peut-être.


Ce que je sais c’est que les impératifs techniques (travaux d’ingénierie quelconques, choix d’essences par les architectes, etc.) d’aujourd’hui ne semblent pas accorder beaucoup de valeur aux peupliers.


C’est de courte vue… Vous trouvez quelques raisons suffisantes pour les abattre? D’accord! Mais, de grâce, replantez!



Le dernier grand ombre du Grand Arbre. Photo Google, 2022.

Peuplier deltoïde ou peuplier carolin, ce sont toujours les plus grand arbres à Montréal. Vous voulez des arbres capables de rendre tous ces services éco-systémiques dont on parle tant, rapidement? Comme on semble toujours parler d’urgence en ces matières, planter ces peupliers me semble la meilleure des idées. Ces colosses à la croissance rapide sont de plus des éléments paysagers des plus typiques et désirables. 



Un article de Métro (2020): Des citoyens se mobilisent pour revitaliser le parc Léon-Provancher.


Voyez aussi cette page Facebook: Parc Leon Provancher




Commentaires