Ville mythique: le parc Dominion

C’est le 2 juin 1906 que s’ouvre ce grand parc d’attractions à Montréal. Il vient après le parc Sohmer de Ernest Lavigne et Louis-Joseph Lajoie (ouvert de 1889 à 1919) et avant le parc Belmont dans Cartierville sur la rivière des Prairies et ayant opéré de 1923 à 1983. 

Je trouverai un jour le temps de vous parler du Jardin Guilbault, l'ancêtre le plus intéressant à mon avis!

La bonne nouvelle est que les gens ont apparemment un peu de loisir et d'argent. Cette grande machine multi-ludique est une destination pour touristes locaux, en besoin de divertissements. 

Le site est loin en « campagne » à Longue-Pointe, sur la rue Notre-Dame au bord du fleuve. L’endroit est magnifique: on y profite de le fraîcheur de l’eau (c'est avant les importants remblayages du port qui y ont eu lieu) avec une belle vue sur la rive-sud et les montagnes montérégiennes.

On y trouve des manèges et différentes constructions thématiques, du cirque et des acrobates, des glissades, de la bouffe j’imagine, tout cela sous un éclairage électrique, grande nouveauté à l’époque.

Il y avait évidemment une (mini) Ferris wheel… il ne manquait que des food-trucks…

Le capital de l’époque était assez… disons… imaginatif, créatif: on avait semble-t-il construit ce parc pour donner une destination à une nouvelle ligne de tramway…

Ou c’était plutôt le parc qui avait besoin de transport pour y amener la populace? Au choix! Causes et effets sont difficiles à démêler dans cet endroit de rêve. Mais voilà: c’est à peu près la définition-même d’un cul-de-sac arrangé avec le gars des vues! En fait c'était une situation assez commune à l'époque. Les compagnies de transports opéraient souvent de petits et grands parcs: chemins de fer, tramways ou même les compagnies de ferries qui aménageaient en parc tire-sous les quais d'accostage. 

C'est dire qu'au parc Dominion les deux intérêts ont finalement convergés: le promoteur de parcs d’amusements Harry A. Dorsey s’associe à la Montreal Street Railway qui crée spécialement la Suburban Tramway Corporation. Bon, avec tout ça, on a un concept en béton! Il fallait donc rendre cet espace le plus attractif possible!



Ces parcs sont de véritables métaphores de la vie (et de la mort…). Pensez-y: les montagnes russes ça ne vous rappelle rien? Les hauts, les bas, qui n’a connu ça? Les difficultés de la vie quotidienne? Venez vivre tout cela mais sans les conséquences néfastes! Vous ne vous mouillerez même pas!

Bien que le travail soit encore assez pénible et que les semaines soient longues pour la majorité (beaucoup travaillaient six jours/semaine), du temps de loisir se libère pour certains autres montréalais plus fortunés. Les prolos allaient sans doute au parc La Fontaine?

Les hommes en chapeaux de pailles et toutes les belles dames en blouses blanches. Tous les ravissements du dimanche s'y trouvaient réunis!

Il y avait entre autres l'attraction thématique "Johnstown Flood" qui présentait des maquettes recréant la tragédie résultant de la rupture du barrage de South Fork en Pennsylvanie le 31 mai 1889. L'inondation vient après plusieurs jours de pluies abondantes.

L’onde de rupture de plus de 10 mètres de hauteur rasa la ville et tua plus de 2 200 personnes. La ville allait connaître une autre inondation en 1936. On construisit alors des digues et des barrages super-sécuritaires à l’épreuve de tout et tout. Mais une autre inondation a tout de même lieu en 1977!

Au parc Dominion, on en a fait un kiosque d'attraction! Cette forme d'appréciation esthétique, en toute sécurité, par des représentations de tragédies lointaines est vieille comme le monde. Le cinéma est alors à ces débuts encore... il prendra le relais et ce sera le succès des films catastrophes.

Pas tout de suite, toutefois. Le parc devra d'abord connaître lui-même quelques tragédies. À peine un an après l’ouverture, le 28 août 1907, le feu détruit une partie des installations: tout est construit en bois.
Quelques années plus tard, le 6 novembre 1913, le feu fait encore son oeuvre. Huit personnes seront victimes du dernier incendie le 10 août 1919. Le piège à touristes était aussi une nique à feu


Mais ce sera la crise économique des années 1930 qui le fera tomber pour de bon: il cessera ses opérations en 1938. Le parc Belmont survivra encore longtemps.

Aucune vraie ville n'est à l'abri des catastrophes, n'est-ce pas? Mais les vraies villes renaissent habituellement.

Le site comptait de nombreux arbres qui étaient présents lors de la construction du parc. La taille des arbres sur les photos le montre bien.

Le parc Sohmer était lui aussi sur le bord du fleuve. Le parc Belmont était sur la rivière. Même le parc Marguerite-Bourgeoys à Pointe Saint-Charles était sur le rivage du fleuve avant, ici aussi, que d'importants remblaiements viennent l'en éloigner (sans qu'il ne bouge...) Ce que l'on regrette aujourd'hui!

Ces paysages des rivages sont disparus mais ils reviennent un peu ici et là sur l'île de Montréal. On en mesure la valeur. Les grands arbres, eux, disparaissent et la tendance n'est pas à les remplacer. Ce ne sont que des arbres et, constatez avec ces dernières cartes postales, ils n'y étaient pour rien dans l'appréciation des lieux...

En terminant: 

Planche tirée du livre Stabat Arbor.

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Bonne fin de semaine! Enfin...

Commentaires

  1. C'est drôle que le nique à feu ait été remplacé par le Centre de formation des pompiers de Montréal...

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    1. Je savais que c'était dans les environs mais pas exactement au même endroit! Merci!

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