Illustrations botaniques
Molène, pavot. Photos: Eugène Atget.
Je connaissais assez bien le travail d'Atget sur les jardins et le vieux Paris mais pas ses photos de plantes isolées. Les mêmes problèmes se présentaient pour le photographe d'autrefois et ses clients: comment isoler ou détacher un sujet botanique pour l'usage d'un peintre ou artiste graphique?
Centaurée diffuse, 2007. (Centaurea diffusa, diffuse knapweed)
C'est cette simple méthode que j'ai utilisé pour les photos qui allaient servir aux dessins de silhouettes dans les planches botaniques de mon livre Guide de la flore urbaine. N'allez pas croire que d'utiliser ainsi des moyens numériques soit un raccourci facile: le redessin m'a pris une bonne grosse journée*! Mais l'interprétation de l'illustrateur est alors gardée au minimum. L'exactitude donnait une plus-value didactique si vous voyez ce que je veux dire.
Je trouvais les silhouettes ("ports de plantes") dessinées par le frère Alexandre Blouin dans la Flore Laurentienne (ci-haut) d'une très grande utilité. C'est parlant. Regardez la silhouette de C. parviflorum toute en noir. J'allais utiliser cette méthode.
Éléments de composition de la planche publiée.
Pour la petite histoire, cette espèce, que je voyais pour la première fois, se trouvait au Champ des Possibles. J'avais ensuite observé la croissance exponentielle de sa population pendant 3 ans. Ce que me disait la littérature sur cette espèce des plus envahissantes se confirmait... une monoculture était annoncée!
Je l'ai extirpé. Je voyais déjà l'intérêt de convertir cette friche en habitat de la biodiversité. Pour cela il fallait diminuer les espèces exotiques et augmenter les espèces indigènes. Je résume...
Aujourd'hui on y plante des espèces horticoles: rosiers, pommiers, etc. À quand les tulipes? Si c'est joli, c'est de la biodiversité? Cela n'est qu'une approche rétinienne, esthétique de la biodiversité. Et attendons les influences de l'agriculture hurbaine... Si ça se mange... c'est bon? Trois variétés de kale, c'est vraiment de la biodiversité?
Quel appauvrissement de l'idée! Je crois plutôt qu'il faille réduire ces visions anthropocentriques de la biodiversité et de l'aménagement des espaces qu'on prétend lui laisser. Les friches sont un potentiel d'espace pour la biodiversité. Tout comme les lignes de désir sont des indications aux aménageurs...
La biodiversité recule devant tous ces concepts et paradigmes du jour... Nos yeux et notre ventre passe toujours avant tout le reste...
*bien plus en fait...
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