Avons-nous Ulmus x intermedia dans la région?


Claude et Brigitte m'ont fait parvenir des photos (dont celle ci-haut) puis un spécimen (un rameau avec feuilles et bourgeons) d'un orme difficile à identifier. En effet! Je n'ai jamais vu quelque chose exactement comme cela. Les feuilles, condupliquées, sont plus petites que celles de l'orme rouge et elles ne sont pas scabreuses (rudes au toucher). Les bourgeons et l'écorce du rameau sont très proche du rouge... mais pas tout à fait identiques.

Après moult hésitations il faut probablement envisager qu'il s'agisse de l'hybride entre l'orme rouge et l'orme de Sibérie, connu sous le nom de Ulmus x intermedia. Bien que je ne l'avais jamais rencontré je le mentionnais dans mon livre: c'est que l'on trouve l'hybride partout où les parents co-habitent aux USA.  Le taxon ne se retrouve par sur VASCAN mais on le trouvera bien un jour par ici.

Faudra-t-il attendre la floraison au printemps pour compter les étamines (trait distinctif) puis en voir les samares?


Le 40% restant...

Ce spécimen m'a fait ré-ouvrir mes dossiers sur les ormes, une autre revisitation ptéléologique. J'étais à nouveau devant la nécessité d'y mettre un peu d'ordre. Vous savez que j'ai perdu 60% de ma banque d'images qui était de fait mon herbier (numérique il va sans dire). Il me manque bien des spécimens et, surtout, les notes les concernant.

Je trouve un peu comique que je doive donc consulter mon propre livre pour orienter certaines identifications. Et par chance j'ai tout de même quelques notes de recherches et des planches de travail servant à l'étude:


J'étais aussi bien content de trouver une de ces planches de travail (ci-haut, 2013). J'avais réuni les samares de différents arbres à la même échelle pour aider les comparaisons. NE VOUS FIEZ PAS AUX NOMS! Ce sont plus les noms des dossiers de spécimens que je suivais que de solides identification. Ma connaissance était alors incomplète.

De les revisiter maintenant (avec les connaissances acquises depuis) et avec des yeux rafraîchis en quelque sorte, je sais que les samares dites de l'orme rouge (en haut à gauche) ne sont pas celles de l'orme rouge... et qu'elles ressemblent pas mal à celles du parc King-George (en bas à droite).

D'une pierre deux coups? Il s'agit peut-être des samares de l'hybride de l'orme glabre et de l'orme champêtre: Ulmus x hollandica. La version européenne en tout cas (il s'agit d'arbres centenaires dans les deux cas). Le Ulmus x hollandica nord-américain semble fort différent et les samares des arbres récemment plantés à Montréal me font douter de leur identité. Mais ça, c'est une autre histoire!


Une autre planche d'étude. Ne vous fiez pas aux noms...

Planche tirée de mon livre, 2018. Les noms sont pas mal fiables...

Et voici la planche réunissant les samares d'ormes discutés dans un chapitre de Stabat Arbor. Dans ce chapitre tout n'y est pas, tout n'est pas parfait... mais on fera peut-être une nouvelle édition, revue, complétée, mise à jour avec les samares de Ulmus davidiana var. japonica (iciet le résultat de cette nouvelle enquête sur l'hybride tout en haut. Et quelques autres petits dossiers...


Photo: Larker1, Wikipedia. 

En terminant, si dans vos recherches vous passez par la page Wikipedia sur Ulmus elliptica cette photo ne montre pas les samares de cet orme. Ulmus elliptica est en fait tout au plus une variété de Ulmus glabra et ses samares lui sont identiques...


Ptéléologiquement vôtre, bonne semaine!


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