Excursion à l'île Grosbois

Voici la suite de mon billet du 17 juillet (à travers l’île Grosbois).

Une haie de peupliers deltoïdes comme on en trouve quelques-unes sur l'île. Située à la limite de parcelles autrefois cultivées elle est constituée de peupliers dont l'âge correspond à l'abandon de la culture ici. Ils ont donc environ 35-40 ans.

Une des îles de l'archipel de Boucherville se nomme îles aux Raisins. Voyez la carte ci-bas. On trouve partout des vignes avec une croissance vive et exubérante. Il s'agit de la vigne des rivages, Vitis riparia. Vous savez: Vitis, vitalité, etc... 

Au revers des feuilles ce sont des galles, formées par le puceron Daktulosphaira vitifoliae, important ravageur de la vigne. L'insecte est nord-américain et les plantes sont ici bien habituées à sa présence et elles ont de bonnes défenses. Quand l'insecte est arrivé en Europe toutefois... ce fût l'invasion dévastatrice du Phylloxéra de la vigne. 

Depuis ce temps, presque tous les ceps de vignes au monde sont greffés sur des pieds de notre vigne des rivages (ou d'un des ses hybrides) qui résiste à l'insecte. On boit donc toujours un peu de notre terroir dans les vins français, italiens, espagnols, etc...

Lisez cette excellent page Wikipedia sur le sujet.



Au sommet de cette plante c'est probablement une galle de cécidomyie (une petite mouche), l'inflorescence est maintenant déformée et probablement stérile. Voyez cette deuxième photo de la même plante: 

Le renflement sur la tige est assurément une autre galle de cécidomyie: elle est bien connue sur les plantes de la famille des Astéracées (verge d'or, etc.). Voyez cette page Wikipedia sur ces insectes.

Chardon des champs (Cirsium arvense). Une belle fleur écossaise.


L'île Grosbois était cultivée autrefois, elle l'est encore en grande partie aujourd'hui. Il n'est peut-être pas très étonnant de trouver une mauvaise herbe fréquente dans les terres agricoles en friche.

La plante m'est bien familière mais je ne me rappelle pas avoir vu cette galle (en ville, du moins...). Il s'agit de la galle de Urophora cardui, la mouche du chardon. L'insecte avait été volontairement introduit au Canada afin de contrôler le chardon. Cette plante est en effet un sérieux problème en agriculture. 

Sur l'île Grosbois il y plusieurs colonies de ce chardon. Et de nombreuses plantes sont infestées par les galles de la mouche du chardon... Un contrôle biologique qui semble efficace.


Voici la planche (récadrée) publiée dans mon livre Guide la flore urbaine. Votre copie est ici.


Comme je disais plus haut la vigne des rivages a tout un terrain de jeu ici. Et elle s'amuse beaucoup! Une bonne partie de cet arbre en est recouvert. 

Ici une vue sur l'île Montbrun, et derrière, vers Montréal qui est invisible...


Je vous parlais des très nombreux frênes rouges sur les îles. Il est rare d'en voir qui soient sains! Ils ont tous cet aspect qu'ont les arbres à droite de la photo: ils sont morts. Des chicots par centaines! L'agrile du frêne, vous savez. Ils ont aussi bien souvent cette apparence verte quand ils sont recouverts de vigne du rivage! Une forme de green-washing faut croire...

La vigne recycle les chicots en support...


Un symptôme fréquent d'une attaque de l'agrile. Les frênes réagissent en formant ces bouquets sur le tronc: des excroissances épicormiques. L'arbre fait des rejets sur son tronc. Comme une sortie de secours. Des branches se formeront et il arrive que l'arbre survive un moment de cette façon. Un moment...



Quand je vous disais que la vigne s'en donne à coeur joie ici! Elle recouvre entièrement ce petit arbre mort. J'ai d'autres photos à vous montrer sur ce sujet.


Comme à Saint-Lambert (voyez ce billet du 15 mai) nous avons ici des peupliers deltoïdes en ligne de rivage. Il s’agit d’un alignement spontané des arbres qui correspond à un certain niveau de l’eau du fleuve, tôt au début de l'été. C'est le moment où les graines des peupliers flottantes (tant dans l'air que sur l'eau) sont ici déposées, alors que l'eau redescend.


Curieusement, cela donne une origine naturelle à cette forme paysagère bien connue et un peu évitée: l’alignement, les allées arborées, etc.


Comme pour la formation spontanée des haies, tant en milieu agricole qu’urbain, nous avons ici des procédés écologiques spontanés qui font du paysage. La biodiversité est une architecte sans table à dessin. On peut faire pire que de s'en inspirer...



Depuis plus d'une semaine je suis occupé à entièrement refaire mon système informatique avec un rutilant nouvel ordi. Je me passerai de Photoshop et de InDesign pour ces très intéressants logiciels Britanniques Affinity Photos et Publisher. J'ai dû retarder bien d'autres occupations (et écourter ce billet) avec tout ce travail.


J'achève cette transition: j'ai tout de même 2.3 TO de données à placer, copier, indexer, etc. (j'en avais perdu quelques centaines de GO lors du crash de ma banque d'image l'an dernier...).


Maintenant tout est bonne voie (et en meilleure sécurité). Je souhaitais terminer avant le premier août et c'est fait... Donc je pourrai reprendre mes travaux sur mon prochain livre: Un peuple de peupliers...


Je vous reviens avec un dernier billet sur l'île Grosbois et pleins d'autres aventures...


Bonne fin de semaine!




Commentaires

  1. Merci Roger, J'ai appris enfin le nom de l'insecte qui forme ces galles.
    Bon samedi. Dominic

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